"On ne discute pas avec les fanatiques. Jamais, sous aucun prétexte. Pas plus qu’on ne demande à un terroriste pourquoi il tue des gens (« ben alors, qu’est-ce qui va pas mon bonhomme ? ») on ne parle avec des gens qui estiment que les femmes sont biologiquement inférieures aux hommes et que les musulmans sont des terroristes à des stades plus ou moins avancés de développement. Malheureusement, on ne peut pas reconfigurer le disque dur de ces individus, pas plus qu’on ne peut les mettre en mode avion permanent. Il faudrait pouvoir leur enfiler une capote géante sur la tête jusqu’aux pieds pour les empêcher de contaminer le monde mais ce n’est pas possible non plus (y a un concours Lépine à organiser, ceci dit…) Donc on n’entre pas dans leur cage, jamais, sous aucun prétexte, et on ne leur tend pas un morceau de viande crue : c’est un coup à se faire bouffer pour rien.
Quelqu’un.e essaiera toujours de vous rendre responsable de la violence que vous avez subie. C’est la raison pour laquelle la meuf en plateau m’a rendue responsable de ne pas m’être défendue, et la raison pour laquelle Estelle Farge m’a rendue responsable de ne pas avoir « apprécié l’expérience. » C’est également la raison pour laquelle 95% des gens disent encore : « Elle s’est faite violer » (ou taper, ou insulter…), et pas « Elle a été violée » (tapée, insultée). Les mots ont un sens, ils sont les écrous que l’éducation visse ou dévisse dans un sens ou dans un autre."
Malgré vous, plus ou moins inconsciemment, vous vous sentirez coupable de ne pas vous être défendue, de ne pas avoir apprécié qu’on vous violente, de ne pas avoir dit merci après. C’est normal, vous êtes une femme, vous avez été biberonnée à la culpabilité, et aussi à la discrétion, la bienveillance, la modestie, la diplomatie, toutes ces qualités que les parents de JR (comme le méchant misogyne dans Dallas, tiens !) n’ont pas transmises à leur fiston car ce sont des qualités de gonzesse, donc des défauts de mec. Sachez, ladies et vous aussi gentlemen qui êtes de plus en plus nombreux à vous dresser contre cette masculinité toxique, que la victime n’est jamais, en aucun cas, responsable des violences qu’elle subit. Jamais. Il n’y a aucune exception à cette règle de base : le/la seul.e responsable des agressions, c’est l’agresseur/se. Point. Barre.
Il faut ravaler ce sentiment de honte et parler de son expérience pour que la honte change de camp, une fois pour toutes. La honte doit faire baisser la tête des médias qui organisent ces jeux du cirque, des journalistes qui donnent à bouffer aux lions, des haters qui continuent de cogner sur les réseaux sociaux, des gens qui se divertissent en regardant des êtres humains se faire massacrer par d’autres êtres humains (à vérifier quand même : JR est peut-être un cyborg). Les victimes n’ont pas à baisser la tête : elles ne sont pas responsables de ce qu’elles ont subi (voir plus haut).
N’attendez pas d’excuses de celles et ceux qui alimentent la bête : ce ne sont pas leurs excuses qui vous permettront d’avancer. Ne restez pas sur la bande d’arrêt d’urgence en attendant des excuses qui n’arriveront jamais : continuez. Avec un pneu crevé, osef : un pneu, ça se change.
La violence n’est pas la bonne réponse à la violence. Ca sonne comme un mantra Instagram mais c’est vrai. J’ai failli taper Julien Rochedy jeudi soir, littéralement : j’avais le poing levé (j’ai toujours été assez bagarreuse comme fille, la faute à mes parents qui ne m’ont jamais dit qu’une fille ne se battait pas. Ah ça, j’en ai balancé, des torgnoles ! Bref). Mais j’en ai eu une nouvelle preuve sur le plateau de RT média jeudi soir : la violence est un litre d’essence versée sur un brasier.
Le silence n’est pas la bonne réponse non plus : nous les meufs essayons cette technique depuis des millénaires. Je pense qu’il est temps de laisser tomber et de passer à autre chose. En effet, combattre la violence en fermant sa gueule et en se persuadant que « tout ça n’en vaut pas la peine, viens, on va chez le coiffeur et on pense à autre chose » revient à essayer de faire du feu en frottant deux Bic. La passivité nourrit la violence, les meufs : CHANGEONS. DE. TECHNIQUE.
Résister à la violence est une forme de violence infligée à ceux qui l’exercent. C’est ça, la solution : résister. La résistance c’est comme le sport : au début c’est sur mais à la fin ça fait du bien, et on se sent puissant.e.
Quelques idées pour résister à la violence, auxquelles j’aurais aimé penser plus tôt, et que je vous invite à compléter : méprisez la violence et celleux qui l’exercent, dites non quand vous pensez non, écoutez votre instinct et pas seulement votre cerveau ou votre éducation, ne soyez pas diplomates avec les brutes et leurs allié.e.s, placez votre bien-être avant le plaisir de gens dont vous n’avez pas grand-chose à foutre, ignorez votre éducation, ignorez les cases, ignorez les trolls externes, ignorez vos trolls internes, ignorez la culpabilité, la honte, les remords, les regrets."