Pour comprendre les mécaniques de déshumanisation des colonisés par les colonisateurs, je t'invite à lire Les damnés de la Terre de Frantz Fanon, qui ouvre les yeux avec brutalité sur la réalité du colonialisme. Je pense que c'est une lecture essentielle pour toute personne qui n'a pas encore construit sa pensée décoloniale.
Essentiellement, sa thèse est que le colonisateur est perçu comme un homme, tandis que le colonisé est perçu comme un animal. Si tu insistes assez sur ces représentations, les gens loin de la situation finissent par l'internaliser. C'est un mensonge plus facile à maintenir grâce à l'aide du racisme qui nous a bercé depuis l'enfance à voir les non-blancs comme inférieurs aux blancs.
Ça n'est pas aidé par le fait que les gens ont la violence en horreur, et que les médias représentent toujours les actes de résistance au colonialisme comme de la violence extrême, tandis que les actes de violence coloniale sont du "maintien de l'ordre" qui est justifiable par de la rhétorique raciste. Le problème est que, si les colonisés arrêtent la résistence violente, ils disparaissent. Donc ils ne peuvent pas tenter la stratégie non violente, et se retrouvent prisionniers de ce cercle de violence -> représentation médiatique -> les colonisés sont les méchants.
Et ces gens se trompent. Il n'y a pas de décolonisation pacifique. Tous les mouvements que l'on représente comme "pacifiques" ne l'étaient pas. Nelson Mandela était un terroriste, Gandhi n'a fonctionné que parce qu'il y avait de la résistance violente en parallèle de ses actions, etc. Mais ça arrange bien les colonisateurs de représenter rétroactivement ces mouvements comme pacifiques, parce que ça permet de continuer aujourd'hui le mythe de la décolonisation pacifique, qui fonctionne super bien pour marginaliser la résistance coloniale violente des palestiniens (et des kanak, et d'autres partout sur la planète).