"Pourtant, malgré cela, étant plus jeune (disons du milieu du collège vers le début de Terminale) j'ai été séduit, il faut le dire, par l'idée de la patrie, du succès individuel, de l'homme providentiel, et même de la supériorité du genre masculin sur le genre féminin "naturellement", etc. bref par grosso modo toute la pensée dominante, qui semblait si évidente et si pleine de bon sens."
"Je m'intéresse aux morts au travail, doté de mon esprit critique et de la méthodologie scientifique. J'y apprends que l'âge de la retraite n'est pas déterminé pour le bien-être des personnes, mais par pur esprit productiviste. S'il a été mis à 60 ans, c'est parce que lorsqu'on l'a revu, en gros les ouvrier⋅e⋅s mourraient à 60 ans."
"À partir de là, je détricote tout. Je relis Marx, Bakounine, Proudhon, et d'autres, avec moins de distance mais plus d'intérêt : je ne le lis plus pour pouvoir les citer et "briller en société", mais pour comprendre le monde, parce que les explications officielles ne marchent pas. Elles n'ont en réalité jamais marché, mais j'étais plus prompt à démonter ce qui n'allait pas dans mon sens. Et je les relis parce que ce que j'avais lu, en l'écartant rapidement convaincu que c'était du passé, se rappelait à moi et résonnait."
"En fait, c'est comme ça que je suis devenu de gauche : parce que, d'un coup, le monde merveilleux du capitalisme n'avait en fait rien à m'offrir et tout à me prendre. Et que je n'en avais pas conscience. À un moment, malgré moi et tragiquement, j'ai compris que je me faisais avoir. "
"Pourquoi je suis devenu de gauche ? Pour la Justice. Pour la Paix. Pour l'Amour. Pour la vie de tout le monde."