"J’ai réalisé il y a quelques temps que j’étais plus méfiante / effrayée / mal à l’aise face à des personnes de couleur. Ce qui est totalement ridicule. Objectivement, intellectuellement, je sais qu’ils ne sont pas plus dangereux que les blancs. Je le SAIS. Je connais les chiffres et leurs explications, il n’y a absolument aucun moyen de me convaincre que les personnes de couleur sont plus dangereuses que les blancs. Mais quand même, quand je rentre seul le soir, j’étais plus inquiète face à des groupes de personnes de couleur que face à des groupes de blancs. Il y avait donc une différence entre ce que mon cerveau savait et ce que mon corps croyait. Il a donc fallu que je m’auto-dissèque pour résoudre ce problème (ce qui est bien pratique quand on est schizophrène c’est qu’on a le cerveau tellement cassé qu’il y a toujours un morceau pour disséquer et juger l’autre. Des fois c’est très utile !). La réponse était archi-évidente : la plupart du temps, les personnes de couleur sont les méchants dans les films, dans les séries, et même dans les JTs. Même si je n’accorde aucun crédit à ces conneries de thèses racistes, j’en avais bouffé tellement pendant si longtemps sans m’en rendre compte que mon esprit était biaisé. Et me voici donc à travailler sur mon propre cerveau pour le forcer à corriger ce biais.
Vous ne vous en rendez pas compte, mais les films mettant en jeu des tueurs schizophrènes ou à personnalités multiples (qui peuvent aussi être des “tarés à interner à l’asile le plus proche”, notre seconde option, youhou) ont exactement le même impact. Même si une partie de votre cerveau sait qu’il s’agit de fiction, l’autre prend des notes. La seule façon de se débarrasser de ce biais, c’est d’accepter qu’il existe. Ce qui veut dire que vous devez être prêt à accepter qu’il puisse y avoir un biais quelconque dans votre esprit. Et croyez-moi, les personnes neurotypiques ne sont pas toujours très douées à ce jeu-là…
Mais beaucoup de gens ne prennent pas cette peine. Et c’est difficile pour nous. Si vous êtes impliqué·es dans des luttes contre d’autres biais comme le sexisme l’homophobie le racisme et tous leurs copains en -isme, vous voyez sans doute de quoi je veux parler. C’est le même principe. Sauf qu’avec de la bonne volonté, je peux expliquer à un mec (mon père mon frère un pote un inconnu sur le net un collègue) que ce qu’il dit est sexiste et pourquoi ça pose problème. Mais quand on touche à de la “psychophobie”…. comment vous dire…"