"Voilà comment M6 aurait pu se contenter de faire le récit de ce couple avec enfant qui n'arrive pas à joindre les deux bouts. Seulement voilà, à l'écran, ce n'est pas ça qui frappe le téléspectateur. Tout au long du reportage, Florian et Justine doivent se justifier, prouver leur bonne foi. Preuves à l'appui. "
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"Toutes les causes politiques qui pourraient expliquer leur situation ont été écartées. Ils sont en difficulté, mais on ne sait pas pourquoi. Il n’est jamais question d’inégalités sociales, de répartition capital/travail..."
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"On ne parle pas de problèmes sociaux, économiques ou politiques. C'est bien dans l'intimité d'une famille qu'on pénètre et c’est d’ailleurs la caractéristique principale de ce type de reportage."
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"Et Harry Roselmack, de conclure en voix off : “Les choix assumés de David et Françoise illustrent le paradoxe dans lequel vivent ces familles de la classe moyenne qui se paupérisent et courent derrière un train de vie qu’elles n’ont plus”."
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"Si les journalistes s'étaient contentés de recueillir les témoignages en donnant les principaux chiffres, on aurait pu rester sur la peinture d’une classe sociale, voir comment on vit avec le SMIC. Mais ce luxe de détails met en lumière chacun des choix individuels des couples qui deviennent des cas particuliers, critiquables comme tels hors de tout questionnement politique. Et comme tous ces reportages évacuent les causes politiques, économiques, sociales alors la “faute” est à chercher dans les choix de vie. Plongé au coeur de leur intimité, le téléspectateur n'a plus qu'à scruter les comptes pour repérer la cause du problème.
Evidemment, les télés ne feraient pas ce type de reportage sur les riches. Vous imaginez Bernard Arnault détailler son frigo (A-t-il un frigo d’ailleurs ? Ou est-ce plutôt son personnel de maison qui a un frigo ?) ? Vous l’imaginez montrer ses achats de Noël (On offre quoi à Noël quand on a une fortune estimée à 72 milliards d’euros ?) Et vous imaginez Bernard Arnault détailler, calculette à la main, sur un petit cahier d’écolier, toutes les aides qu’il a reçues de l’Etat, à l’euro près ? 500 millions pour sa fondation Louis Vuitton, les millions d’euros d’aides pour ses journaux (Le Parisien, Les Echos), les niches fiscales, les sociétés en cascade dans les paradis fiscaux… Non, le riche n’ouvre pas ses livres de compte chez lui devant des caméras, il n’a pas à se justifier aux journalistes. Et surtout : il ne viendrait pas à l'idée des télés de filmer leur intimité à l'euro près. Question de pudeur."